Fouille, j’te regarde

I feel your presence; it’s been like this for an hour. Why am I speaking in English, you’ve let me. Shit. Attends. Je croise ton regard Noir Rond Ouvert (tu dors ? ). Lit cerné – pas d’air malgré le sixième étage – reprenant une bouffée dans ta bouche – ça gratte mes jambes au cœur de mes genoux les ongles la couette rien – je bois ma salive, nos mains collées se touchent.

J’entre.

J’ai peur.

Je ne sais pas voler.

- C’est bleu ciel partout !

L’air me gifle. Tu ris. Tu te culbutes. Quand tu voles, tu flottes. Moi ? Je hurle contre l’oreiller – un gémissement de fille (je déteste quand les hommes font ça) – tu me vois, tu rappliques.

- hi

- Hi.

- we just met

- Pourquoi tu parles anglais ?

- c’est toi qui aimes

On se retrouve dans un taxi, la nuit. Fâché de ne plus voler, tu écoutes Bla Bla Bla Bla Bla This and This and That visage à la fenêtre.

 

T’es nu – mat, gonflé. C’est mon appartement. Tu fouilles. C’est moi qui t’ai dit de fouiller. Mon secrétaire – de la taille du plafond – est ouvert en grand. Assis par terre, tu lis mon journal intime.

- Salut.

- c’est très intéressant j’apprends à écrire

- Tu ressembles à mes exs – les arabes, les juifs.

- merci

Il me tire, on s’envole. Mon voisin nous regarde partir – notre mur est tombé, l’appartement ne fait qu’un (je lui fais signe) – il devient de plus en plus petit jusqu’à entrer dans ma main. Antoine dont le visage est le même qu’hier mais différent n’y voit rien (c’est son nom – j’ai pris un temps pour ne pas me tromper – je le sais parce que c’est écrit).

- mon appartement n’a pas été arrosé

Dans sa cuisine on flotte, nos corps font la taille d’une mouche (lumière d’hôpital). Il fait à manger, de la viande.

- j’adore la politique

- Pas moi.

Je comprends qu’on est filmés, des milliers de spectateurs. Les jambes croisées sur une chaise imaginaire, il vagabondit (je le cite) – le voisin sort de ma main.

- MOI JE MOI JE MOI JE

- on est chez moi ici

- Nous sommes en direct.

 

Tu m’embrasses, on voit pas nos visages. C’est la pluie, une galaxie. Je (te) déteste. J’ouvre les yeux, te réveille.

- Pas tant que je serai allongé.

- Tu m’entends ?

- J’ai les yeux ouverts.

- Je ne te reconnais pas.

- Ça m’arrive.

- Tu trouves qu’on se ressemble ?

- Tout pareil.

- T’as peur du vide ?

Le lit s’inonde, ça nous rafraichit. Tu me proposes une gélule, je l’avale avec une gorgée de l’eau qui nous entoure. Le bruit des travaux devient de la musique. Nos doigts se joignent, ils glissent. Flagadas, on se perdra, on se retrouvera et caetera.

 

Précédent
Précédent

Ton Orgueil, Mon Orgueil

Suivant
Suivant

La Violence - un duplex au rez-de-chaussée