Arsenic, Pris au Jetable

Lui, c’est Guillaume. Après l’amour il s’écroule, allongé sur le dos - sexe encore gonflé par nos ébats - amorphe. Je l’ai souvent pris comme ça. Cette pose il me l’a faite à Londres, à Vienne, à Monaco. La même rengaine : on boit, on baise, on dort mais moi je ne suis pas fatiguée, le plus souvent j’ai pas joui. Il aime jouer et se défoncer la gueule. C’est un pro. Il sait mentir. Depuis que je le connais, c’est ma passion. Le poker pas les bobards. Les bobards aussi. Je suis sa première fan, sa groupie. J’ai maté tous les films : Les Joueurs, Casino, Showgirls. Notre rêve c’est de se marier à Las Vegas sans nos familles. Faire carrière. Moi dans le striptease, lui : Champion. J’ai jamais compris son truc, vouloir plaire à d’autres types, les mater à la table ou derrière un écran. Il me raconte. Ils ont tous des noms à coucher dehors. Chaque voyage, une règle : il paye, je choisis. C’est moi qui fais la réservation. Je donne son nom. Je l’épelle vite comme si c’était le mien. Dans la chambre le soir, je l’attends. Je reçois des je t’aime, il me dit je vais te faire des gosses. Quand il gagne, j’ai droit à un cadeau. J’aime les talons. On a acheté un chat. Sous alcool il a des lubies, j’appelle ça des épiphanies. C’était son idée, j’ai pu choisir la race. Je suis sa première copine. On vit dans un appart à Montmartre, on a eu au culot. Des fausses fiches. Y a une planque derrière la fenêtre des toilettes. Je l’appelle sa maîtresse parce qu’il aime les filles à la peau diaphane et que sa préférée c’est la blanche. De la coke. Il sait que j’aime pas. Il se rince le nez. Il tape que dans la cuisine. J’ai déjà goûté, c’est métallique. Guillaume, faut pas lui mettre la tête en arrière, ça lui donne le vertige. Il aime pas les gifles, non plus. Moi j’aime bien, donc parfois j’oublie. Je l’ai trompé, deux fois. Une fois c’était dans la rue. Le mec a joui par terre. L’autre fois c’était un vieux, mauvais souvenir. Quand il est tendu, il mange rien de la journée. Dans sa bouche, ça sent le vide. Je laisse une sucrerie dans le frigo faite à la main, pour quand il rentre. Petite surprise. Il a vomi toutes ses tripes. Je l’ai retrouvé sur le carrelage de la cuisine. A côté de la litière dans son peignoir. Celui qu’il ne lave jamais parce qu’il dit que quand il sort de la douche il est propre. Je l’ai ouvert. C’était comme sur la photo. Je me suis déshabillée, j’ai même pas fermé les fenêtres. Je me suis couchée sur lui. Cette nuit, j’ai pas dormi toute seule.

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Live - soit concrètement, le désir c’est gênant