Live - soit concrètement, le désir c’est gênant

 

Dans un Peep Show, quelque part où il ne fait ni chaud ni froid - un dispositif où les gens payent pour s’adonner à leurs plaisirs en vitrine - une table est dressée au bord d’une piscine.

Quatre convives dégustent divers ingrédients, plusieurs substances. C’est un festin.

Les deux hommes portent un costume trois-pièces fait sur mesure, ils fument une cigarette électronique. Ils doivent avoir autour de trente ans. Les femmes sont en maillot de bain, kimono de plage et talons. Elles ont le même âge, un peu moins. Leur maquillage est défait.

Au centre de la table, une assiette en porcelaine est remplie d’une dizaine de carrés de sucre. A côté se trouvent une bassine de glaçons, quelques bouteilles de rosé, du whisky et de la salade. Beaucoup de salade.

Un projecteur éclaire le spectacle de plein fouet, il simule la lumière du jour - c’est la nuit, enfin il est cinq heures du matin.

La cabine n’a pas de public.

 

Blanche, regarde son visage dans l’écran de son portable : Il fait jour, je déteste la journée.

Henry, inspire sa cigarette électronique retient sa respiration puis souffle la vapeur de nicotine : Le sol est liquide.

Ophélia : Arrête…

Henry, tire sur sa cigarette : Je te jure, je te le dis.

Ophélia : Tu hallucines.

Blanche, à Eliott. Tu la prends ?

Elle lui file son téléphone, prend un verre de rosé et danse sans regarder l’objectif.

Eliott l’enregistre.

Blanche : Montre.

Elle prend l’appareil, regarde la vidéo, l’efface.

Blanche : On la refait.

Henry, tire sur sa cigarette : On avait dit pas de miroir.

Ophélia : Elle te prend pas toi, elle se prend elle.

Eliott, tire sur sa cigarette : Il t’écoute pas, il est loin.

Il tire à nouveau sur sa clope puis tend l’assiette de sucre à Ophélia.

Eliott : T’en veux ?

Blanche, regarde la vidéo, l’efface puis redonne son téléphone à Eliott : On la refait.

Il prend l’appareil, relève sa mèche de cheveux, vise et filme.

Ophélia : Je vais reprendre de la salade.

Elle en attrape une entière, l’effeuille méticuleusement à la façon d’une marguerite, regarde Henry, minaude puis croque dedans.

Henry, tire sur sa cigarette : Quelle heure il est ? Ça fait combien de temps qu’on est là ?

Ophélia, lève les yeux vers le faux ciel : Aucune idée, ce n’est pas de la lumière naturelle.

Blanche, postant sa vidéo : Je sais ! Action ou vérité ?

Ophélia : Oh, oui !

Les deux femmes trinquent.

Ophélia attrape une feuille, elle la fourre dans sa gorge.

Eliott : Action, bordel.

Ophélia, la bouche pleine : T’es sûr ?

Blanche, à Eliott : Cul sec.

Ophélia rit, elle manque de faire fausse route.

Eliott s’exécute, il avale son whisky d’une traite puis se resserre.

Eliott : Vérité.

Henry, regarde sa main, il tire sur sa cigarette : J’ai combien de doigts ?

Blanche, se concentre : Aucune idée.

Eliott se marre, il regarde la main d’Henry avec le même effort, puis bouffe un carré de sucre.

Henry, tire sur sa cigarette : Putain, Oph…

Ophélia : Elle te fait marcher…

Henry ne réagit pas.

Ophélia se lève brusquement, elle attrape son visage à travers la table et l’embrasse.

Il se laisse faire, mais continue de fixer sa main.

Eliott : On va nager ? Je crois qu’elle est bonne.

Ophélia, à Eliott : T’as qu’à y aller.

Eliott, à Ophélia : Quoi, t’en veux ?

Henry, tire sur sa cigarette : Elle aime pas ça.

Ophélia : J’aime pas ça.

Blanche, attrape un sucre et l’avale en entier : Action !

Les trois autres sont pris d’un sursaut collectif, ils retiennent leur respiration.

Un silence s’installe durant quelques secondes.

Blanche laisse fondre le cube sur sa langue, elle garde les yeux fermés.

Eliott, tire sur sa cigarette, à Blanche : Ça va ?

Blanche, ouvre les yeux : Tu trouves que j’ai grossi ?

Elle relève le haut de son bikini, ses seins sont refaits, ils tiennent tout seuls.

Eliott : Bien sur que non.

Henry, tire sur sa cigarette, à Ophélia : Je t’ai rendu tes clefs ?

Ophélia : Tu peux les garder.

Henry attrape Ophélia par la nuque, il la tire vers lui d’un coup.

L’assiette de sucre manque de faire un vol plané, Eliott la rattrape de justesse.

Une bouteille de rosé explose sur le sol.

Ophélia pousse un cri, enjambe la table, elle enfourche Henry.

Ils s’embrassent.

Blanche, rosé à la main : En voiture Simone !

Elle claque son verre contre celui d’Eliott.

Eliott, avale une gorgée de whisky, il tire sur sa cigarette : Oh les mecs, on va dans l’eau ?

Henry se décolle un instant d’Ophélia et dirige ses yeux vers le fond de la piscine. Il bloque dessus.

Ophélia, attrape un verre, le fini : J’ai envie de danser.

Elle ondule au rythme d’une musique imaginaire.

Henry : Je reviens.

Il se lève, laissant Ophelia tomber sur sa copine et plonge la tête la première.

Les femmes hurlent, elles l’applaudissent.

Il remonte par l’échelle de la piscine, trempé dans son costume.

Eliott, éclate de rire : Mec, t’es mon idole !

Henry, retrouve sa cigarette électronique, à Eliott : C’est un moindre effort pour que tu me foutes la paix.

Ophélia, euphorique : Moi aussi je veux sauter !

Blanche, à sa copine : « Tu veux que j’te saute ? ».

Elles pouffent.

Eliott, à Ophélia : Alors, vas-y.

Ophélia, provocante : Action.

Eliott : Bah, saute.

Ophélia monte sur la table et retire son kimono. Elle le jette avec nonchalance.

Blanche, croque dans une feuille de salade comme si c’était du popcorn : Succulent !

Henry attrape un sucre, il le gobe.

Ophélia retire les bretelles de son maillot. Elle se penche, approche son visage du sien le cul en direction du ciel.

Henry la dévisage. Il bout.

Blanche sort son téléphone et filme.

Quelqu’un passe de l’autre côté de la vitrine.

Blanche, au type : Youhou ! Salut toi ! Bah, fait pas ton timide.

Eliott se lève pour lui faire un doigt d’honneur.

Blanche, portable toujours en main : Vas-y fais-lui la nique !

Le type, très mal à l’aise se casse direct.

Blanche regarde son portable, elle publie la vidéo.

Ophélia danse, imperturbable. Elle se déhanche, plonge ses mains dans la bassine de glaçons, amène un cube jusqu’à sa ses lèvres, le baise.

Henry, devenant fou : Arrête…

Ophélia : C’est lequel des « arrêtes » ?

Elle retire le haut de son maillot et l’envoie dans la piscine.

Henry se jette sur elle, plaque son torse contre sa poitrine.

Blanche et Eliott ne captent rien, ils se roulent une pelle.

Ophélia, à Henry : Fais-moi mal.

Eliott, tire sur sa cigarette : Trouvez-vous une chambre.

Blanche, buvant une gorgée de vin entre chaque phrase : C’est pas l’hôtel ici ! C’est plus cher !

Eliott et elle rigolent allègrement puis retombent dans la bouche de l’autre.

Henry : Bon…

Ophélia, à Henry : Quoi ? Toi tu peux mais pas moi ?

Henry, tient toujours Ophélia contre lui, il tire très fort sur sa cigarette : Je ne supporte pas quand tu te fous à poil.

Ophélia : Je sais.

Blanche suce un autre sucre devant son écran.

Eliott : Mais attends. T’en as pris combien ?

Blanche : Plus que toi !

Eliott : Tu sais ce que ça fait ?

Blanche : Qu’est-ce que ça fait ?

Ophélia, attrape tant bien que mal son verre, elle boit une gorgée de rosé, à tout le monde : Je veux qu’on me regarde !

Henry, tire sur sa cigarette : Pas devant mon pote.

Elle le gifle. Il reste bloqué un instant, bouche ouverte. Elle tente à nouveau de se défaire de son étreinte. Il tient fermement ses poignets.

Henry, profondément agacé : Pas en spectacle.

Ophélia, regarde de l’autre côté de la vitre, puis Henry : Y a personne.

Eliott, roulant une pelle à Blanche depuis quelques minutes : Vas-y laisse-la… 

Henry, pète un câble : T’en mêle pas.

Ophélia gémit.

Henry, à Ophélia : Prend un sucre, alors.

Ophélia, blessée : C’est pas la même chose.

Henry : C'est exactement pareil.

Blanche, à tue-tête : Ça y est, ça monte !

Ophélia : Quoi ?

Henry : Elle a son pic.

Eliott : Ah bah enfin !

Ophélia se débat, elle mord Henry très fort.

Henry, hurle : Je vais te faire mal.

Blanche, à Eliott, entre deux coups de langue : Flan.  

Eliott, cherche sur la table : Y en a pas. Fallait le dire, on en aurait demandé au type.

Il replonge dans sa gorge.

Ophélia : Nan, elle dit à Henry qu’il fait tout un flan.

Eliott, amusé : Ah ok...

Henry, lâche Ophélia : Dormir dessus n’y changera rien.

Ophélia ne bouge plus. Après quelques secondes elle le frappe de toutes ses forces. Il se lève, la balance sur le sol. Elle se laisse faire et reçoit une flopée de bouts de verre dans la peau. Elle crie puis arrache les boutons de sa chemise pour se coller contre lui. Il exulte. Les deux amants s’embrassent, avec violence et passion.

Ophélia, dans un murmure : Fous-moi toute nue.

Henry plaque sa main contre sa bouche, de l’autre il déboutonne son pantalon, sort sa queue, écarte sa culotte et la prend.

Derrière eux, Eliott s’est mis à vomir. Il dégueule sur la table, sa gerbe recouvre tout.

Blanche le regarde impassible. Elle se lève, manque de se casser la gueule sur le carrelage et avance au ralenti vers la piscine. Elle retourne son verre, regarde le rosé couler dans l’eau.

Blanche : Fiasco.

Elle se laisse tomber la tête la première.

Eliott qui s’est redressé, la voit faire. Il déglutit puis dégueule à nouveau. Seul du liquide sort de sa bouche. Une quantité astronomique. Il regarde la table et part en fou rire. Ça ne s’arrête plus. Il vomit, rit, vomit à nouveau.

Henry baise Ophélia, yeux dans les yeux, cette fois ci par le cul. Leurs bouches restent collées. Ils se murmurent des « je t’aime » à n’en plus finir. Leurs corps sont écorchés. Ils font l’amour à même le verre, baignant dans leurs sangs.

Eliott attrape sa cigarette électronique et tire dessus. Il manque de s’étouffer. Debout, il retire la veste de son costume, la pose délicatement sur une des chaises et s’avance vers la piscine. Il jette un dernier regard à Henry et Ophélia sans expression, termine son verre puis desserre les doigts.

La lumière s’éteint - le temps est écoulé.

Il plonge, rejoignant Blanche qui plane à la surface.

Râles d’orgasmes.

Le passage des prochains visiteurs est prévu à l’aube.

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